Protection Massif du Chenaillet

Les enjeux actuels (et futurs)

Alors que ces dernières années le danger pour le massif du Chenaillet et des Gondrans pouvait sembler être écarté, il a aujourd’hui ressurgi avec les nouvelles velléités expansionnistes de la station de Montgenèvre. En 2014, les Cerveyrins et les amoureux de la vallée découvrent avec stupeur le balisage VTT-Enduro mis en place par les services de Montgenèvre sur le territoire cerveyrin, ainsi que la promotion active de ces itinéraires, sans que le moindre contact ait été pris à ce sujet avec la municipalité de Cervières. L’action de celle-ci et de l’AESC a permis que ce balisage ait depuis été retiré, mais le déversement par les remontées mécaniques - depuis Clavière et Montgenèvre - de VTTistes sur les sentiers pédestres cerveyrins reste préoccupant. En 2015, c’est de nouvelles perspectives d’extension sur Cervières du domaine skiable dont les responsables de Montgenèvre font état aux élus cerveyrins (« Cervières, Le Bulletin », n° 16, juin 2015).

Bien que les deux municipalités aient, depuis, démenti l’existence d’un projet de cette nature, il est clair que la menace est bien réelle. Dans ses propositions d’Unités Touristiques Nouvelles (UTN) à intégrer au Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) du Briançonnais, la commune de Montgenèvre met en avant le développement du domaine skiable, celui d’un produit touristique toutes saisons, l’accès à des panoramas remarquables et à des sites hors du commun (histoire, géologie, …), le renforcement de relations transfrontalières, et le développement de remontées mécaniques avec les communes à vocation touristique les plus proches, côtés français et italien (Via Lattea). Concernant ce dernier aspect, il est considéré que « cette programmation de transport collectif « propre » constitue un pilier du programme d’aménagement du territoire et de transports collectifs de Montgenèvre et du Briançonnais, (et) un pas vers le développement d’une station de loisirs intelligente et connectée aux autres (physiquement et numériquement), facilitant l’accueil du public en limitant l’utilisation des voitures individuelles ».

Chacun sera juge de cette vision des remontées mécaniques comme moyen de transport régional écologique. Si aucun projet abouti n’a donc à ce jour été rendu public concernant le versant cerveyrin du Chenaillet-Gondran, il y a fort à craindre qu’au moins le principe d’un prolongement possible des équipements touristiques côté Sud-Est (Cervières) ne soit inscrit au SCOT en cours de rédaction. Outre l’exclusion d’une telle option du SCOT, la concrétisation des demandes de protection du site doit constituer un objectif prioritaire des organisations de défense de l’environnement dans cette partie des Hautes-Alpes.

Nous resterons mobilisés, avec toutes les autres associations et bonnes volontés impliquées, sur les développements de ce dossier et contre les tentatives qui ne manqueront pas de se faire jour pour détourner ce site magnifique de sa vocation naturelle, fussent-elles sous couvert de sa « mise en valeur » ou de sa « gestion ».

Certains aspects particuliers de ces enjeux sont développés ci-après

De l’intérêt du massif du Chenaillet en tant que domaine de ski alpin

On ne peut manquer de s’interroger à l’idée d’exploiter le versant cerveyrin du massif du Chenaillet pour le ski alpin (au-delà d’un simple effet d’affichage en tout cas). Ce versant sud, extrêmement ensoleillé toute l’année et d’altitude très modérée (essentiellement à moins de 2300m), très exposé aux vents dominants (« lombarde » notamment), n’offre pas les conditions de constitution et de maintien d’un manteau neigeux adapté à cet usage. Les personnes pratiquant ce secteur en hiver en connaissent les limites de ce point de vue. Cette incompatibilité devrait encore s’accentuer très fortement avec les répercussions du réchauffement climatique à venir en milieu de montagne. Les estimations de Météo-France à ce sujet prévoient une très forte réduction de l’enneigement dans les Alpes du Sud, avec une perte attendue dans les prochaines décennies de 30 à 70% de l’épaisseur et de la durée d’enneigement entre 1800 et 2400m d’altitude, et jusqu’à 80% à la fin du siècle dans les scénarios les plus pessimistes (ref. étude SCAMPEI). Si l’on imaginait pouvoir pallier ce déficit d’enneigement par la pratique de la neige artificielle, il faudrait vite se rendre à l’évidence qu’elle ne pourrait constituer une solution effective dans le contexte des températures attendues, qui devrait voir les isothermes moyens remonter de plusieurs centaines de mètres par rapport à l’actuel. Si l’on se réfère aux conditions prévalant actuellement en dessous de 2000m (comparables donc à ce que seront au mieux sà l’avenir celles du massif du Chenaillet), on a peu de doutes sur l’inadaptation de l’adret cerveyrin à l’intégration dans un domaine viable de ski alpin. Ces données ne pouvant échapper aux aménageurs, un tel projet aurait ainsi à l’évidence des finalités autres que celle de satisfaire les amateurs de ski de piste.

Les risques associés à l’aménagement touristique (à compléter)

L'état actuel des autres versants du massif illustre les différentes dégradations engendrées par un développement excessif d'infrastructures touristiques (remontées mécaniques, pistes d'accès et de divers usages sportifs ou mécaniques, fréquentation très intensive, exploitation des ressources en eau, ...). illustrations à venir

A noter que l'adret du massif du Chenaillet/Grand Charvia est particulièrement sensible au phénomène d'érosion par « solifluxion », pouvant entraîner des coulées de boues, des éboulements et le creusement de ravines (Plan de gestion du marais du Bourget 2008-2012, Conservatoire - Etudes des écosystèmes de Provence - Alpes du sud (CEEP), p11-12).




Carte

En mauve : partie cerveyrine du massif du Chenaillet, constituant le bassin versant adret du marais du Bourget.
Fond de carte : Geoportail/IGN




Ce qui a filtré des projets d'extension du domaine skiable de Montgenèvre sur la commune de Cervières

Selon M. le Maire de Cervières (8 juin 2015), il serait question dans cet avant-projet de deux à trois pistes aux départs du sommet des Anges, du Rocher de l’Aigle, voire du Col Gimont, et d’un télésiège dans le secteur du Grand Charvia. D’autres sources (réunion inter-associative sur le Projet d’aménagement du Chenaillet, 16 juin 2015) parlent plus précisément de :
- au moins d'un télésiège de 6 places débrayables dont le départ serait situé dans une zone à l'est du Lac des Sarailles mais plus bas en altitude, au dessus du hameau des Fraches, et dont l'arrivée se situerait au niveau du Rocher de l’Aigle
- trois pistes :
(i) l’une sous la ligne de crête de Gondran côté Cervières qui rejoindrait le départ du télésiège ;
(ii) une piste en dessous du Chenaillet face sud entre les Sarailles et le Rocher de l’Aigle ;
(iii) une dernière piste qui permettrait de faire la liaison avec l'Italie côté du col Gimont.

Dessin Chenaillet avant

Le Chenaillet avant © AESC 2015

Dessin Chenaillet apres

Le Chenaillet après © AESC 2015

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Dernière modification de cette page le 30-08-2015